[Luciphaga] La mort dans l'âme.

Tant que j'y suis, je me suis dit que parler un peu du second personnage que je joue le plus serait judicieux. Vous ne trouverez là qu'une présentation d'ensemble de la mentalité de Luciphaga, la dévoreuse de Lumière, ainsi qu'un résumé de son histoire.. Pour connaître son histoire en détail, il vous faudra demander à ceux qui la connaissent ou, si vous en avez la chance, la laisser vous la raconter vous-même, car il ne s'agit pas là d'une chose au sujet de laquelle cette créature au coeur noir s'exprime facilement... Comme toujours, vos avis seront les bienvenus.





L'essence vermeil maculant l'humus et les feuilles mortes surprirent le commandant Guelvan lui-même, d'autant plus qu'il réalisa que c'était lui qui venait de vomir tout ce sang. Sa vue se voilait déjà et il peinait à réfléchir, affalé ainsi contre cet arbre.
Il ne pouvait plus se lever, ce froid surnaturel lui ayant dévoré la jambe au point qu'il ne pouvait d'ores et déjà plus sentir son pied gelé. L'image de sa femme lui vint à l'esprit, tel un fantôme lui annonçant que la mort venait le chercher. Il savait qu'il ne la reverrait jamais plus dans cette vie.

Un silence impérieux et terrifiant régnait dans le bois. Plus aucun oiseau de chantait, pas le moindre son de quelque animal dans les feuilles mortes. Rien que le léger soupir saccadé de sa respiration pénible et les derniers soubresauts de son cheval qui gisait, agonisant à quelques mètres de lui.
Au-delà de la cime des arbres, le ciel uniformément gris de l'automne ne lui apportait même pas le réconfort de voir le soleil une dernière fois. Gémissant de douleur tandis qu'il tentât de s'asseoir, il mit la main sur son ventre où son plastron brisé laissait s'échapper son sang à grands flots.
Fermant les yeux, il revit le massacre qui eût lieu une demie-heure plus tôt.
« Oelric... Thimann... Pardonnez-moi de ne pas pouvoir vous venger, mes frères, car je ne tarderai pas à vous rejoindre... », murmura-t-il en lui-même.

Le visage tourné vers le sol, il vit soudain s'abattre devant lui un sabot autour duquel le sol se mit immédiatement à geler et il se sentit mordu par un froid terrible. Levant les yeux, il vit une très haute silhouette en armure noire qui se dressait devant lui. C'était elle...
Les cuisses et le ventre de la Draeneï dont la peau sombre témoignait d'un corps mort étaient exposés, ses cuissardes et son plastron ayant été forgés dans une esthétique ténébreuse aussi avenante que terrifiante. Ôtant son heaume, elle dévoila un visage à la beauté obscure, encadré par deux cornes courbées vers le bas, et dont les lèvres pulpeuses bien que noirâtres esquissaient un sourire cruel et hautain.
Posant sur lui des yeux à la lueur bleue et glaciale, elle lui adressa un regard empli de haine.

Cherchant avec grand-peine à dégainer son épée, Guelvan entama une prière à la Lumière.
Mais après avoir prononcé les premiers mots, il se sentit violemment soulevé du sol par quelque force obscure et se retrouva la gorge enserrée par la main de son ennemie qui le maintint ainsi, l'étranglant tandis que ses pieds ne touchaient plus terre. Ce contact lui fut plus glacial et douloureux encore que le gel qui dévorait sa jambe.
La voix caverneuse et impie de la femme se fit alors entendre:
« Les mensonges avec lesquels tu gaves ton âme ne te seront d'aucun secours, paladin... »
Guelvan déglutit avec peine.
« Et que... que crois-tu savoir de la... vérité, cr... créature du fléau? 
-Bien plus que toi, misérable vermine ! »
Dans un accès de colère, la draeneï morte-vivante resserra son étreinte sur le cou de l'humain jusqu'à ce qu'un craquement se fasse entendre et que la vie quitte son corps, celui-ci devenant comme un pantin inerte.
Laissant tomber le cadavre comme s'il eût agi d'un détritus, elle adressa à celui-ci un regard noir, plissant légèrement les yeux dans un rictus haineux, avant de cracher dessus...



Luciphaga, la Dévoreuse de Lumière...
Tels étaient le nom sous lequel elle s'était présentée au Roi-Liche lorsqu'il fit d'elle un chevalier de la mort et le titre qui lui fut attribué pour les atrocités qu'elle accomplit depuis.
Après que le généralissime Mograine aie mené la rébellion d'Achérus, Luciphaga prit discrètement ses distances d'avec les idéaux de rédemption de la Lame d'Ebène. Sa libération de l'emprise du Roi-liche était un avantage pour elle, mais la haine qui l'avait toujours animée n'en fût que plus grande encore en voyant ses anciens pairs se tourner vers la Lumière.
Mais il n'en avait pas toujours été ainsi.
Originaire de Draenor, elle connut la liesse et la quiétude d'une vie paisible à l'époque où Orcs et Draeneïs vivaient en bonne entente.
C'est en ces temps qu'elle se lia d'amour à un Orc avec lequel elle partagea sa vie dans le bohneur le plus pur... Du moins jusqu'à l'arrivée de la Légion Ardente et de Mannoroth qui corrompit le sang des Orcs.
Forcé pendant des mois à fuir et se terrer, le couple finit par s'établir dans une grotte loin de tout en Nagrand. Jusqu'au dernier moment, la volonté de son bien-aimé lui permit de résister à la corruption du démon, mais vint un jour où il succomba au voile rouge. C'est en ce jour qu'elle fût forcée de le tuer de ses propres mains tandis qu'il essayait de lui arracher le coeur et perdit de ce fait le peu de foi qu'il lui restait en les Naaru, maudissant ces imposteurs qui les avaient abandonnés.

Perdue et dévastée, elle erra longtemps à travers les contrées de Draenor, jusqu'au jour critique où Gul'dan ouvrit des portails pour mener son peuple corrompu en Azeroth, provoquant par-là même la destruction irrémédiable de leur monde d'origine. Parvenant à se faufiler par l'un de ces portails, la Draeneï se retrouva dans un monde inconnu et vécut en ermite pendant quelques années avant de succomber à un hiver particulièrement rude. Ner'zul ne tarda pas à faire d'elle son serviteur en échange du pouvoir d'assouvir sa soif de vengeance.

Depuis lors, Luciphaga nourrit une haine toujours grandissante pour la Lumière et ses serviteurs et a voué son existence à l'opposition radicale des principes de la Lumière et des Naaru.
La mort, la cruauté et le vice seraient désormais l'essence même de son être et sa soif de sang ne saurait jamais être étanchée.

Toutefois, une part infime et inavouée d'elle-même ne désirait que pouvoir aimer et être aimée à nouveau, et c'est en l'improbable personne d'une jeune anachorète Draeneï venue de l'Exodar que son coeur trouva sa substance. Se liant malgré elle d'un amour profond pour la dénommée Shaari, Luciphaga put désormais goûter la saveur d'un bonheur qui ne venait pas de la mort. C'est certainement pour les mêmes raisons que lorsqu'un étrange réprouvé se présenta à elle pour lui parler de sa confrérie, l'idée d'avoir; comme le mort-vivant employa lui-même ces mots; une "famille" raviva un sentiment enfoui au plus profond d'elle-même. Mais la Haine comme l'Amour ne meurt jamais tout à fait, et ce contexte presque idyllique n'adoucit en rien le monstre de rage et de violence qu'est Luciphaga. Il y aurait simplement certains êtres sur cette terre susceptibles d'être épargnés par la main des ténèbres...